« Je trouve que comprendre l’importance de cette forme d’art, surtout présentement, c’est nécessaire. Chaque fois qu’un drag monte sur scène, c’est un geste politique, un manifeste pour la liberté. On a besoin, je crois, d’oublier tous les codes et de les reconstruire. » Voilà comment la réalisatrice Sophie Dupuis explique sa perception et sa vision du phénomène « drag queen », qui l’ont inspirée pour livrer le film SOLO, à l’affiche dès le 15 septembre sur les écrans, à Montréal et partout ailleurs.
Fait à signaler, le film, au-delà de la communauté, aborde la question des relations amoureuses toxiques. « Je suis beaucoup dans le réalisme et je voulais parler bien d’une relation toxique, qu’elle ne soit pas un prétexte. Je voulais que ce soit absolument central », explique la réalisatrice en entrevue à Radio-Canada. Elle a travaillé avec une psychologue pour la conseiller sur son questionnement à propos de ce qui faisait qu’une personne réalise qu’elle est dans une relation toxique.
Déjà encensé par diverses critiques qui l’ont vu à Toronto et à Montréal, SOLO est loin du documentaire auquel on nous a habitués pour « montrer » les dessous de cette communauté. Ces dernières années, plusieurs chaînes de télé spécialisées ont multiplié les émissions portant sur les drags queens, que ce soit des concours, des « making of », des transformations surprises, ou encore les coulisses d’une agence de représentation de Montréal. C’est d’ailleurs grâce à RuPaul’s Drag Race qu’elle a découvert le monde de la drag. « Je me suis mise à consommer du contenu drag presque de façon boulimique. J’aimais beaucoup les discussions qu’on pouvait y entendre, où les drags évoquaient leur vécu, pourquoi ils faisaient de la drag, etc. ».
Avec ce film, Sopĥie Dupuis va au-delà de tout ça et s’introduit dans le vécu profond des gens qui pratiquent cet art.
« C’était très important pour moi qu’en majorité, devant et derrière la caméra, ce soient des gens queers », explique-t-elle en entrevue. « On a ouvert le casting aux acteurs et actrices qui venaient de la communauté, avec la possibilité de modifier le genre des personnages au besoin. Je voulais m’entourer de gens qui connaissaient la culture ou qui venaient de là ». En répétition, on requestionne tout, on réécrit même, et c’était l’occasion pour certains acteurs de la communauté de dire « avec cet élément, on est dans l’hétéronormativité », par exemple. « Comme tous les acteurs queers n’ont pas le même vécu ou la même vision, ça donnait des débats très intéressants sur comment représenter nos personnages », ajoute Sophie Dupuis.
SOLO met en vedette deux acteurs principaux, le Québécois Théodore Pellerin et le Français Félix Maritaud. Pellerin est l’acteur chouchou de la réalisatrice, puisqu’il a déjà joué dans deux de ses films précédents. Il cumule de nombreux rôles au théâtre et au cinéma, au Québec et à l’international. Le comédien et drag queen bien connu des habitués du cabaret Mado, Marc-André Leclair (Tracy Trash), y joue également un rôle important. Les spectateurs qui fréquentent le milieu drag et le Village y reconnaîtront un certain nombre de visages connus.
SOLO, de Sophie Dupuis, en salle dès le 15 septembre.
Solo-lefilm.com
BANDE-ANNONCE
https://youtu.be/-Ky_EMSKdAU?feature=shared
SYNOPSIS
SOLO raconte l’histoire de Simon, étoile montante de la scène drag queen de Montréal. C’est le coup de foudre lorsqu’il rencontre Olivier, la nouvelle recrue du bar-spectacle où il se produit. Alors que Simon croit vivre une électrisante histoire d’amour, il s’installe entre eux une dynamique toxique et destructrice. En parallèle, Claire, la mère de Simon, célèbre chanteuse d’opéra, revient travailler au pays après 15 ans d’absence. Fasciné par cette femme qu'il ne connaît presque plus mais qu’il idéalise, Simon s’obstine à essayer de créer un lien avec elle. Fragilisé par l’échec de ces deux amours impossibles, Simon n’aura d’autre choix que de se rendre compte qu'il mérite mieux.