Le plus important metteur en scène du Québec avec à son actif plus de 140 directions sur les planches, André Brassard a grandi à Rosemont où il habite toujours. Sa connaissance de l’univers du Vieux-Rosemont qui ressemble passablement au Plateau-Mont-Royal voisin n’est certes pas étrangère à la rencontre qui allait faire de lui le metteur en scène de toutes les pièces de Tremblay pendant presque vingt-cinq ans. C’est sa parenté profonde avec le monde de Michel Tremblay qui a fait d’André Brassard l’un des metteurs en scène les plus estimés et respectés du Québec.
La première bombe du tandem Tremblay-Brassard éclate au Théâtre du Rideau Vert en 1968 avec Les Belles-Sœurs. Pour la première fois, le ‘joual’ québécois monte sur les planches pour exprimer un drame universel. Ce coup d’envoi est véritablement un coup de maître: la dramaturgie québécoise, après Gélinas et Dubé, vient de prendre un envol qui révolutionnera toute la société.
Deux ans plus tard, il inaugure la scène du Centre national des Arts d’Ottawa avec son ami Tremblay dans une adaptation de Lysistrata d’Aristophane. Aux débuts des années 1970, il réalise les films Françoise Durocher, waitress et Il était une fois dans l’Est en collaboration avec Michel Tremblay. Il a reçu pour cette œuvre immense de 1985 à 2007 plusieurs prix du milieu du théâtre. En 2004, la soirée des Masques lui décernait le Prix Hommage pour l’ensemble de son œuvre. On lui doit aussi la première mise en scène des Feluettes de Michel-Marc Bouchard en 1986 pour laquelle il recevra en 1989 le Prix Gascon-Roux.
André Brassard devient ainsi directeur artistique du Théâtre français du Centre national des Arts d’Ottawa de 1983 à 1989. Puis, de 1991 et 2000, il assure également la direction artistique de la section française de l’École nationale de théâtre du Canada établie à Montréal.
Ralenti considérablement par un accident vasculaire cérébral en 1999, Brassard s’est livré sans faux-fuyant dans sa biographie parue en 2010. Il y a affirmé notamment avoir toujours été ouvertement homosexuel, mais ne s’être jamais associé au Village. Son homosexualité, estime-t-il, devait l’ouvrir vers l’universel plutôt qu’entrainer un repli sur soi. La Grande Bibliothèque du Québec lui a consacré l’exposition Échos en 2015. Il célèbrait en 2021 ses 75 ans.
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Culture
Bien avant l’émergence du Village, la rue Ste-Catherine était au cœur du Faubourg Québec un pôle culturel et de sorties à Montréal avec ses théâtres et cinémas. Témoin de la riche histoire du quartier, vous remarquerez sur la rue Sainte-Catherine le Théâtre National fondé en 1900 et qui fit les belles heures du burlesque avec les Rose Ouellette, Juliette Pétrie, Alys Robi et tant d’autres. C’est lorsque le Théâtre National fut transformé brièvement en Cinéma du Village dans les années 1980 que l’appellation Village apparut pour la première fois dans l’espace urbain. À côté du Théâtre National, le Ouimétoscope fut en 1906 le premier cinéma à Montréal. Il demeura en opération jusque dans les années 1980 en se consacrant au film de répertoire.
Témoin de la riche culture alternative de ce faubourg en marge, c’est dans un café de la rue Amherst que fut lu pour la première fois en public le manifeste du Refus Global en 1948. L’auteur de ce manifeste artistique des Automatistes considéré précurseur de la Révolution tranquille des années 1960, Paul-Émile Borduas, y remettait en question les valeurs traditionnelles et rejetait l’immobilisme de la société québécoise. Blasphématoire pour l’époque, il déclarait que le surréalisme ne pouvait coexister avec le dogme religieux et souhaitait plus que tout soustraire les contraintes morales afin de laisser s’épanouir la liberté individuelle. Le gite artistique La Loggia perpétue cette tradition et loge dans l’ancienne résidence et atelier d’un des signataires, l’artiste peintre et sculpteur Marcel Barbeau, décédé au début de 2016.
Le Village est largement le lieu qui a permis l’émergence des arts visuels gais, marqués par la mise en valeur du corps masculin et de l’homoérotisme. Yvon Goulet est un artiste recycleur qui peint notamment à l’endos d’anciennes affiches électorales des personnages et scènes de la vie du Village. Outre les nus masculins, Jean Chainey reproduit de façon hyperréaliste des bâtiments urbains en y ajoutant parfois une touche surréaliste. À chaque année depuis plus de vingt ans, les artistes en arts visuels prennent la rue à l'occasion de Montréal en Arts au début de l'été. Ce festival d’art montréalais célèbre au coeur du Village la créativité locale, la richesse de la diversité et le dynamisme de la relève. Accessible, gratuit, inclusif et festif, l'événement a pour mission de soutenir, de promouvoir les arts visuels grâce à plusieurs activités participatives et de créer un lien avec le grand public.
En face du Théâtre National, vous remarquerez la station de métro Beaudry, le premier édifice public au monde à arborer de façon permanente les couleurs de l’arc-en-ciel. En empruntant son long tapis roulant incliné, vous revivrez la situation étrange qui faisait paniquer Laura Cadieux, le célèbre personnage de Tremblay chaque fois qu’elle se rendait à son rendez-vous hebdomadaire chez le médecin.
et Patrimoine
Pour plonger dans la riche histoire de ce faubourg en marge, il est fortement conseillé d’explorer la rue Atateken, artère qui traverse le Village du Sud au Nord jusqu’au Parc Lafontaine. Des galeries, antiquaires, designers de mode, services d’esthétiques s’y sont installés en nombre pour ajouter à la qualité de vie du quartier. Pour découvrir l’histoire de cet ancien quartier industriel, un pôle majeur de la révolution industrielle au Canada au XIXe siècle, ne manquez pas de visiter l’Écomusée du Fier monde, voué à l’histoire du quartier et de cette époque charnière.
Le Village est plus qu’une artère commerciale. C’est un véritable quartier où la communauté gaie et lesbienne est très présente. Pour explorer le Village résidentiel, empruntez la petite rue Sainte-Rose des rues de la Visitation à Papineau et découvrez l’architecture unique de ce faubourg construit avant l’ère de l’automobile avec portes cochères et logements principaux aux étages. Vous y verrez des portes cochères donnant accès aux cours où se trouvaient les écuries avant l’adoption de ce mode d’urbanisme bien britannique qu’est la ruelle dans la 2e moitié du XIXe siècle.
Ici l’urbanisme antérieur à l’automobile fait se côtoyer les classes sociales et vous noterez près des églises et autres bâtiments conventuels, une architecture bien bourgeoise avec façades en pierre de taille et plus vous vous en éloignerez, plus l’architecture simple des maisons ouvrières basses en brique prendra le dessus. C’était avant que l’automobile permette aux gens aisés de s’éloigner des quartiers centraux enfumés par les nombreuses manufactures de l’ère industrielle vers l’air plus sain des flancs de la montagne qui sont encore aujourd’hui les quartiers par excellence de la grande bourgeoisie montréalaise.
Faites un détour par l’Église Saint-Pierre et tout le complexe conventuel qui l’entoure, autrefois au cœur de la vie du Faubourg Québec. Explorez les ruelles Dalcourt et Lartigue, promenez-vous dans les rues Logan et Lafontaine dominées par les mansardes où les arbres centenaires ont déformé les trottoirs.
Au sud du Village, en bordure du fleuve, la Maison du Gouverneur, l’ancienne prison du Pied-du-courant (1836) où furent pendus les Patriotes de 1837-38, et la brasserie Molson (1786) témoignent de la longue histoire du Faubourg Québec.
Mado Lamotte est un personnage incontournable de la vie nocturne du Village depuis maintenant plus de vingt ans. Tellement incontournable qu’elle a littéralement tête sur rue dans l’enseigne du Cabaret Mado qui porte son nom depuis 2002 et où elle est indubitablement la reine des lieux. De loin la plus connue des drag queens du Québec, elle a révolutionné le genre par son personnage extravagant et caricatural à l’humour bitch grinchant, ses perruques, ses maquillages flyées et ses costumes délirants. Une notoriété qui s’est même installé outre-Atlantique où elle aime bitcher nos cousins français qui l’invitent et en redemandent à Paris.
Luc Provost, l’homme derrière la bitch, a d’abord créé et rodé son personnage comme danseuse au Poodle, puis comme cigarette-girl au bar Le Lézard, sur le Plateau, dans le cadre des premiers Mardis interdits et aux Jeudis gais du Royal, les soirées Queenex dans le Quartier latin.
Mado a fait les belles heures de la vie gaie montréalaise avec ses fameux bingos initiés au bar Zorro avant de devenir les délirants Bingos à Mado au Sky Pub, puis au défunt Spectrum dans le Quartier des spectacles avant de faire le tour du Québec jusqu’au très chic Casino de Montréal. Elle est devenue une figure connue de la télé québécoise en participant à diverses émissions de variété et en agissant comme commentatrice des défilés de la fierté à la fin des années 1990 au défunt réseau Télévision Quatre Saisons.
Pendant des années, elle a attiré les plus grandes foules, des dizaines de milliers de spectateurs, à son spectacle annuel sur rue Mascara : La nuit des drags lors du festival LGBT Divers/Cité, l'un des plus grands événements drag au monde. Avec plus de 500 costumes de scène pour faire vivre son personnage, c’est une grande star dans l’univers des drag queens.
Autant de notoriété en a fait une des icônes de cire au Musée Grévin de Montréal depuis son ouverture en 2013. Mais mieux vaut aller la voir en personne dans son royaume, le Cabaret Mado pour goûter (ou subir) son humour grinchant.
Si la ville de Maisonneuve apparut d’abord comme un ambitieux projet de développer un Westmount francophone avant d’être annexée à Montréal, Hochelaga s’est d’abord et avant tout développé comme un quartier ouvrier près du port et de ses industries. La faillite des projets grandioses de Maisonneuve a fait de cet arrondissement au XXe siècle un quartier résolument populaire et francophone.
Avec la désindustrialisation de tous les quartiers centraux à la faveur des nouveaux modes de transport et d’un urbanisme favorisant les parcs industriels à l’écart des zones résidentielles, ce quartier est en mutation, mais demeure un quartier résolument populaire et francophone et ce même si la mixité sociale est de retour. Ceci se reflète dans la restauration et la gastronomie. Longtemps dominée par les casse-croûtes et la restauration rapide, elle fait peu à peu place à une cuisine toujours largement québécoise ou d’inspiration française, mais beaucoup plus recherchée, laissant place aux produits du terroir.
Durant les vingt dernières années, la revitalisation du Marché Maisonneuve, vestige des projets de grandeur de Maisonneuve, et l’aménagement de la Place Valois ont permis l’installation de boutiques spécialisées, boulangers, pâtissiers, charcutiers, bouchers et attirés de nouveaux cafés et bistros. Rue Ontario, Antidote est le premier café et épicerie entièrement végane, alors que le Marché 4751, rue Ste-Catherine, propose des produits bio, équitables et du terroir qu’on peut déguster sur place. À quelques coins de rue, Les Cabotins proposent dans le cadre humoristique d’une ancienne mercerie une cuisine française revisitée, déclinée aux produits du terroir. Les amateurs doivent essayer le cassoulet et même les plus rébarbatifs seront réconciliés avec le boudin.
Mais c’est surtout sur la rue Ontario que le renouvellement se fait. Le bistro La Cervoise, près de la place Valois, offre un menu à base de gibiers, de produits du terroir et de la mer responsables, déclinés en burgers, en tartares ou en poutines. Non loin, La Mâle Bouffe offre sandwichs et poutines gourmandes avec une spécialité en viandes fumées. Le Café Bobby McGee offre des déjeuners et brunchs copieux , un excellent café et de vastes rayons de bibliothèque pour bouquiner et des spectacles musicaux en soirée. Les noctambules qui regagnent leurs foyers de l’Est, s’arrêtent souvent au Miami Deli, un resto dans la tradition du delicatessen ouvert 24h dans un décor floridien rétro.
Même s’il s’agit d’un quartier essentiellement résidentiel, avec la richesse de sa vie culturelle, ses belles rues commerciales, son architecture du début du XXe siècle, le Plateau Mont-Royal est depuis des décennies un quartier couru pour ses bonnes tables abordables. Le renouveau de la gastronomie, est-ce un hasard, s’est amorcé à quelques coins de rue de l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec, installé depuis le début des années 1970, rue Saint-Denis devant le carré Saint-Louis. L’institution a largement contribué à la formation de nos chefs et cuisiniers.
À quelques de l’Institut, c’est d’abord sur la rue St-Denis que ce mouvement s’est amorcé. Allez faire un tour chez Anga qui propose un voyage vers une cuisine raffinée et surprenante, basée sur des plats internationaux contemporains et des saveurs rares de la forêt amazonienne brésilienne.
Depuis les années 1970, la rue Prince-Arthur est devenue très courue d’abord pour ses brochetteries grecques où on peut apporter son propre vin. Aujourd’hui, la rue piétonnière qui relie le boulevard Saint-Laurent au carré Saint-Louis s’est diversifiée et compte plusieurs bonnes tables avec terrasse sur rue l’été. Les amateurs de cuisine française feront un saut aux Deux Gamins où elle est préparée avec amour par de jeunes chefs novateurs avec les meilleurs ingrédients du marché. Cette tendance s’est reproduite rue Duluth un peu plus au nord.
La rue Saint-Denis du sud au nord de l’arrondissement compte de nombreux restaurants et cafés très courus où les touristes et visiteurs adorent s’affaler dans une atmosphère très européenne. Arrondissement favori de la colonie artistique, il n’est pas rare d’y rencontrer les vedettes du petit et du grand écran. Allez faire un tour au Café Cherrier. Cette tendance a depuis longtemps débordé sur l’étroite avenue du Mont-Royal où L’Avenue fait figure de véritable institution avec ses brunchs.
Plus près du métro et de la rue St-Denis, la Binerie Mont-Royal est une véritable institution depuis 1938, spécialisée en cuisine québécoise traditionnelle fréquentée même par les critiques culinaires. On y raffole bien sûr des fèves au lard, mais aussi de la tourtière, du pâté chinois, du pouding chômeur, de la soupe aux pois et de la bière d'épinette. Vous y plongerez dans l’univers culinaire du Plateau de Michel Tremblay. Le resto a été immortalisé par le film Le matou. Un peu plus à l’ouest, Franck et Wilfrid vous font déguster de succulentes crêpes sucrées ou salées préparées par un vrai chef breton, de généreux brunchs et desserts exquis chez Pause & Vous. Ces français se sont amusés à revisiter notre poutine pour en faire un plat unique qu’on doit goûter.
Apportez votre vin
Un coin de rue plus loin, sur Marie-Anne, Le P’tit Plateau, un petit resto discret, à deux coins de rue de Saint-Denis, où on peut apporter son vin, une tradition qui a pris naissance sur le Plateau il y a près de quarante ans. Le canard est une de spécialités de l’endroit. Du saumon au cassoulet, en passant par le tartare, tout est préparé avec grande maîtrise.
Dans la même catégorie, à l’écart, sur Rachel, Les Infidèles et Le Poisson Rouge sont deux très bonnes adresses homosympas. Avec son décor intimiste, Les Infidèles offre une cuisine française sans prétention intégrant plusieurs produits du terroir québécois, comme le cerf, le veau, les poissons et quelques fromages. Il faut goûter au feuilleté aux champignons sauvages, au confit de canard, au ris de veau ou au filet mignon sauce au bleu. Le menu dégustation favorisera votre découverte.
Devant le Parc Lafontaine, Le Poisson rouge s’est bâti une solide réputation avec ses spécialités de la mer bien sûr comme la raie, le saumon, le flétan, le thon, pétoncles et homard, mais aussi son steak d’Angus, confit de canard et de ris de veau. En remontant la rue Papineau au bout du parc, arrêtez-vous rue Gilford où loge discrètement le Pégase, l’un des dix meilleurs apportez votre vin à Montréal et un secret bien gardé du Plateau. Ce resto se démarque par la qualité de sa cuisine avec les classiques de la maison que sont le magret de canard, le lapin de Stanstead, le carré d’agneau ou le filet de bœuf.
Peu se souviennent du fait que le premier lieu d’implantation de la communauté italienne à Montréal ce fut la paroisse du Mont-Carmel au début des années 1900, au coin d’Amherst et René-Lévesque dans ce qui est maintenant le Village. Ne reste plus de cette époque que le célèbre restaurant Da Giovanni, rue Sainte-Catherine, et quelques familles maintenant bien enracinées dans ce Faubourg Québec qui a vu naître le Village, comme les Forcillo. Car dès 1911, la communauté migre vers le Nord, vers le territoire vierge où s’établit la paroisse catholique Notre-Dame-de-la-Défense et qui deviendra connu comme la Petite Italie de Montréal. La création du Marché du Nord en 1933 (maintenant le Marché Jean-Talon) à proximité viendra renforcer le caractère bien européen de ce quartier au cœur de l’Ile de Montréal.
La communauté a bien changé depuis le temps où Guido Nincheri peint à la demande de la paroisse dans l’église maintenant presque centenaire le pape Pie XI et Mussolini à cheval dans l’abside pour célébrer les accords du Latran, passés en 1929 entre le Saint-Siège et le gouvernement italien, qui ont menés à la création de la cité du Vatican. Le poids de la religion catholique et de son homophobie active qui marquaient la famiglia décrite par Galluccio dans Mambo Italiano se sont allégés au fur et à mesure que la société québécoise a évolué. Depuis les années 1960, la Petite Italie n’est plus le cœur de la communauté italienne qui s’est peu à peu déplacé vers Saint-Léonard, puis le nord-est de l’Ile de Montréal, mais le quartier est demeuré la principale vitrine de la présence italienne à Montréal.
La revitalisation du Marché Jean-Talon depuis une vingtaine d’années, ainsi que celle des rues Saint-Laurent et Dante ont créé une atmosphère toute épicurienne dans ce quartier reconnu pour ses excellents restaurants italiens, ses terrasses animées et ses boutiques d’alimentation spécialisées et raffinées.
Le marché Jean-Talon, nommé en l’honneur du premier intendant de la Nouvelle-France, se distingue par son important rassemblement de producteurs locaux de fruits et légumes, et par l’offre diversifiée des nombreux boutiquiers. C’est un des plus gros marchés d’Amérique du Nord, dont l’effervescence est constante puisqu’il est maintenant ouvert été comme hiver. C’est le marché chouchou des Montréalais. Il est toujours agréable d’y aller faire ses courses, puis de s’affaler à une des meilleures tables du quartier pour y goûter la douceur de vivre.
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Avant que les gais choisissent le Village comme lieu de prédilection et que le Plateau devienne à la mode, la communauté lesbienne s’en était servi comme lieu de rassemblement, à tel point que le grand nombre de bars lesbiens de la rue Saint-Denis l’avait fait rebaptiser «rue Sainte-Denise» ! On y trouvait alors des librairies féministes, lesbiennes et gaies, et plusieurs établissements tenus par des lesbiennes. Des années plus tard, l’expansion du Village, au sud du parc Lafontaine, a incité de nombreux gais à s’installer sur le Plateau, ce qui fait qu’aujourd’hui les communautés gaie et lesbienne s’y côtoient plus que n’importe où ailleurs à Montréal.
D’ailleurs, c’est certainement l’arrondissement montréalais qui compte la plus grande population homosexuelle à Montréal, en chiffres absolus. À la différence du Village, la vie gaie et lesbienne y est beaucoup moins apparente et plus intégrée à la vie du quartier. À part trois saunas, le quartier compte peu d’établissements spécifiquement gais, mais c’est principalement là que fleurit la vie nocturne hors Village. En visite, vous y découvrirez plusieurs gîtes, cafés, restos et boutiques homosympas, souvent tenus par des gais et des lesbiennes. Et si vous voulez être certain de rencontrer des gais, allez faire un tour durant l’été du côté sud-est de l’étang du parc Lafontaine, la «plage gaie» par excellence.
Le Mile-End, au nord-ouest de l’arrondissement, est de plus en plus le lieu de rencontre de la communauté queer, avec une forte présence lesbienne. Pour toutes ces raisons, on ne se surprendra pas de trouver sur le Plateau le siège de plusieurs organismes qui se consacrent au mieux-être de nos communautés, comme Image & Nation ou La Chambre de commerce LGBT du Québec, ainsi que le Centre de solidarité lesbienne.
En longeant le canal de Lachine, vous pourrez explorer parmi les plus anciens quartiers de la métropole, les seuls, en-dehors des faubourgs à l’est du Vieux-Montréal où a pris racine le Village, à avoir été massivement bâti à l’époque où le cheval était encore maître dans nos rues. Comme dans le Village, vous y verrez des portes cochères donnant accès aux cours où se trouvaient les écuries avant l’adoption de ce mode d’urbanisme bien britannique qu’est la ruelle dans la 2e moitié du XIXe siècle.
Le redéveloppement de Griffintown a profondément transformé la rue Notre-Dame qui avait été au XIXe siècle la principale artère commerciale du secteur. Précédé par le réaménagement de la Petite-Bourgogne au nord qui avait largement gentrifié ce quartier où se concentrait la communauté noire anglophone au début du XXe siècle, un quartier qui avait vu naître le jazz à Montréal, le redéveloppement des abords du Canal au sud de Notre-Dame a transformé cette artère où avaient élu domicile les antiquaires à la fin du XXe siècle. Les cafés, restos, les bars branchés s’y sont multipliés, donnant une nouvelle vie à cette artère. Ce renouveau est très visible des limites du centre-ville, rue Peel jusqu’aux abords du Marché Atwater dans Saint-Henri.
Dans Pointe-St-Charles, il faut faire un détour par la Maison Saint-Gabriel. C'est l'un des rares bâtiments du XVIIe siècle encore debout sur l’Ile de Montréal. C’est la plus ancienne maison de ferme de l’Ile de Montréal. Construite par François Le Ber vers 1660, cette belle maison de ferme sert alors à accueillir les filles du Roy jusqu'en 1673. Elle est aussi utilisée comme ouvroir et petite école. Détruite par un incendie en 1693, seuls la laiterie et l'appentis-est résistent aux flammes. En 1698, elle est reconstruite sur les fondations du bâtiment d'origine. C’est aujourd’hui un musée qui rappelle le mode de vie à Montréal à l’époque de la Nouvelle-France.
Au sud du Canal, c’est vers Verdun que beaucoup de gais se sont dirigés. D’abord à l’ile des Sœurs où ont élu domicile plusieurs créateurs et artistes dans les nouveaux développements au bord du fleuve depuis une quarantaine d’années. Puis au cœur de cette ancienne banlieue maintenant annexée à Montréal, attiré par les grands logements à prix abordable. Ceci a grandement contribué à redynamiser la principale artère commerciale du quartier, la rue Wellington.
L’émergence du Village a radicalement changé la restauration de l’ancien Faubourg Québec. Jusqu’aux années 1990, la rue Sainte-Catherine, au cœur du Village, était le paradis des casse-croûtes et de la restauration rapide. La présence de la Cité des Ondes depuis les années 1970 a fait apparaitre les premières bonnes tables à proximité de Radio-Canada. Sur la rue Sainte-Catherine, aux débuts des années 1990, le Saloon et le Planète ont fait figure de pionniers en offrant à la clientèle gaie des tables au goût du jour. Leur cuisine du monde a donné le ton à une diversification de la table et aujourd’hui on peut sans quitter le Village faire le tour du monde dans son assiette. Il n’est pas un continent qui ne soit pas représenté.
Avec Aires libres de mai à septembre, la rue Sainte-Catherine devient piétonnière et les visiteurs adorent s’affaler sur les terrasses pour profiter de bons repas et voir et être vu par la faune bigarrée qui déambule sur l’artère principale du Village. L’atmosphère y est festive et la grande majorité de la cinquantaine de terrasses qui prennent la rue, appartiennent à des restaurants. Vous pouvez en profiter pour faire une expérience culinaire passant des diverses cuisines asiatiques aux rôtisseries portugaises en passant par les spécialités mexicaines ou birmanes.
Pour explorer toute la richesse de la table dans le Village, il faut toutefois ne pas hésiter à quitter la rue Sainte-Catherine pour découvrir les trésors des rues transversales jusqu’à René-Lévesque au sud ou Ontario au nord. Sur Wolfe, les noctambules et les amateurs de cuisine québécoise, se retrouvent au Resto du Village, une véritable institution montréalaise qui attire des clients affamés qui désirent un bon repas dans un resto style déli mais non graisseux à toute heure. Décor rustique, ambiance animée, des tables de taverne et un personnel sympathique, voilà le Resto du Village. On y servirait la meilleure poutine en ville.
Sur De Champlain, La Mezcla offre une cuisine fusion originale alliant spécialités péruviennes et terroir québécois juste en face du parc Campbell, un oasis de verdure. En arpentant le boulevard René-Lévesque, vous découvrirez les tables favorites des artisans et artistes de notre télévision. La gastronomie lyonnaise savoureuse et réconfortante est à l’honneur au Comptoir lyonnais. Quenelles de brochet, petit salé aux lentilles, soupe à l’oignon ou pot-au-feu, les plats sont tous généreux et à prix raisonnables. En été, la terrasse arrière, un oasis de calme, est incontournable
Du côté du boulevard De Maisonneuve, En couleur nous régale de ses crêpes maisons et d’authentiques donairs d’Halifax. Un nouvel ajout à surveiller, le Passé composé dont la réputation n’est plus à faire, quitte son petit local de la rue Roy sur le Plateau pour s’installer dans l’ancien local du Pica Pica qui bénéficie d’une des plus belles terrasses du Village.
Du côté de la rue Ontario, autour des salles de spectacles de l’Usine C et du Théâtre Prospero, on trouve parmi les meilleures tables du quartier. Du réputé Carte Blanche jusqu’à l’excentrique Ma grosse truie chérie, en passant par Tablée Vin et le classique Petit Extra. Ma Grosse Truie Chérie vous accueille à sa table des plus chaleureuses avec des produits du terroir choisis avec le plus grand soin et une sélection de vins d’importation privée qui vous feront vivre une expérience mémorable. Chez Tablée Vin, le décor épuré et élégant de ce resto spacieux vous permet de respirer. Il faut goûter au médaillon de cerf de Boileau ou au carré d’agneau à la sauce provençale, aux crevettes au pastis ou encore à la poêlée de ris de veau au cidre de glace. Pour les amateurs de restauration rapide, Poutineville à deux pas vous offre la plus grande sélection de poutines qui sauront plaire à tous les goûts.
Née dans Hochelaga-Maisonneuve, Diane Dufresne a certes réalisé tous les rêves de sa mère décédée trop jeune quand elle n’avait que quinze ans. Comme elle le clame dans Hollywood Freak ‘Maman, si tu me voyais, tu serais fière de ta fille’.
Après des études de chant et d’art dramatique en France aux débuts des années 1960, elle débute sa carrière dans les cabarets de la Rive Gauche à Paris en 1966. Mais sa carrière démarre vraiment quand elle revient au Québec en 1972 avec un 33 tours au titre prophétique Tiens-toé ben j’arrive et elle est consacrée lors de son premier spectacle à la Place des Arts en 1973. Sa renommée atteint bientôt les pays de la francophonie où elle poursuit sa carrière. Si en France Diane Dufresne est une chanteuse connue et reconnue, au Québec, elle devient une légende vivante. En 1978-1979, elle participe au premier enregistrement et à la création sur scène à Paris de la comédie musicale de Michel Berger et Luc Plamondon Starmania où elle incarne Stella Spotlight.
C’est de retour dans Hochelaga-Maisonneuve, lorsqu’elle produit au Stade Olympique le spectacle Magie Rose en 1984 où elle demande aux 55,000 spectateurs de s’habiller en rose pour l’occasion, que sa carrière atteint un nouveau sommet. Jamais à ce jour aucun autre artiste québécois n’a réussi ainsi à remplir à lui seul le Stade.
Est-ce à cause de sa collaboration des premières années avec Luc Plamondon ou à cause des costumes excentriques de la diva comme la robe rose avec une traine de 200 pieds de son spectacle Magie Rose, chose certaine elle devient vite une icône dans la communauté gaie à laquelle elle rend bien cet amour en se produisant en 2006 de nouveau au Stade Olympique cette fois dans le cadre du spectacle d’ouverture des premiers OutGames mondiaux. Ces dernières années, elle est montée de nouveau sur scène avec les Violons du Roy n’hésitant pas à s’associer au passage à un événement au bénéfice d’un organisme GLBT. Elle se consacre aussi à sa carrière d’artiste-peintre et c’est à ce titre qu’elle participé à l’ouverture cette année du centre culturel qui porte son nom à Repentigny, en banlieue de Montréal.