Biographie

MichelMarc

N é à Saint-Cœur-de-Marie, un village du lac Saint-Jean maintenant annexé à Alma, Michel-Marc Bouchard compte parmi les plus grands dramaturges du Québec. Dès l’âge de 24 ans, il crée Les Feluettes ou la répétition d’un drame romantique, un véritable Roméo et Juliette gai dont il situe l’action à Roberval, dans son Lac Saint-Jean natal au début du siècle dernier, un pièce coup de poing qui le fera connaitre du grand public. Encore aujourd’hui, rares sont les pièces mettant en scène un tel drame romantique où deux jeunes Roméo se retrouvent séparés par l’homophobie. Traduite en plusieurs langues, portée au cinéma par le réalisateur canadien John Greyson, cette oeuvre demeure un fleuron de notre culture. L’Opéra de Montréal présente en mai 2016, l’adaptation de sa pièce pour l’opéra sur une trame musicale du compositeur australien Kevin March.

Depuis son arrivée en 1985 dans le paysage dramaturgique, Michel Marc Bouchard a bouleversé les conventions. Instigateur d’une parole théâtrale gaie, on lui doit certains des plus grands succès du théâtre québécois. À la différence de Michel Tremblay, l’oeuvre de Bouchard s’intéresse à la vie gaie en dehors des grands centres. Le jeune réalisateur Xavier Dolan a choisi d’adapter sur grand écran avec succès Tom à la ferme, l’une des pièces de ce prolifique auteur (une vingtaine de pièces à son actif). Il raconte l’histoire d’un jeune homme qui, venu à la campagne pour assister aux funérailles de son amant, découvre sur place que ce dernier avait caché son orientation sexuelle à sa famille.

Ces autres pièces sont régulièrement à l’affiche comme Christine, la reine garçon en 2012, Les Muses Orphelines et Tom à La Ferme qui poursuit ses chemins cinématographiques et théâtraux en accumulant des prix dans le monde entier.

La carrière de Michel Marc Bouchard a été ponctuée de nombreuses reconnaissances. Boursier du Conseil des Arts du Canada et de celui de l’Ontario, il fut trois fois finaliste au prix littéraire du Gouverneur-général du Canada et au gala des Masques dans la catégorie meilleure texte original. Il a été honoré du prix du CNA en 1992 et a été reçu officier de l’Ordre du Canada en 2005. En 2014, Michel Marc Bouchard a reçu le prix Laurent-McCutcheon, anciennement appelé Prix de Lutte contre l’Homophobie, par la Fondation Émergence.

steve

C’est dans la Petite Italie de Montréal qu’est né Steve Galluccio, le scénariste de Mambo Italiano et de Funkytown, au début des années 1960, même s’il a grandi plus au nord dans le quartier Ahuntsic. Ouvertement gai, italien, montréalais et québécois, ces identités sont omniprésentes dans ses œuvres. Auteur de huit pièces de théâtre et lauréat de trois Gémeaux, Steve Galluccio qui parle couramment l'italien, le français et l'anglais, a également participé à l’écriture de scénarios pour des séries télévisées qui ont fait leur marque, dont Un gars, une fille. Sa pièce Mambo Italiano qui raconte avec humour l’amour difficile pour la famille italienne entre le fils Angelo et son ami d’enfance, le policier Nino, a été créée par la Compagnie Jean Duceppe, dans une traduction de Michel Tremblay, au cours de la saison 2000-2001 et a suscité l’engouement de la critique et du public. À l’automne 2001, la pièce était produite, dans sa version anglaise, au théâtre Centaur avec un succès inégalé pour cette salle. Il a participé à l’adaptation cinématographique de sa pièce réalisée par Émile Gaudreault qu’on a pu voir sur grand écran au printemps 2003.

Il a aussi écrit en anglais la mini-série Ciao Bella d’abord diffusée par CBC/Radio-Canada qui a connu une diffusion internationale. Plus récemment, en collaboration avec son complice Émile Gaudreault, il écrit la comédie dramatique Comment survivre à sa mère? qui a remporté le Prix du film canadien le plus populaire au Festival des Films du Monde de Montréal en 2007.

En 2011, Steve Galluccio nous a offert le long métrage Funkytown qui rappelle les belles années du disco au tournant des années 1970 et 1980 à Montréal dans le décor du Lime Light, un établissement très fréquenté par la clientèle gaie à l’époque. En octobre 2013, il a présenté sa nouvelle pièce The St.Léonard Chronicles au théâtre Centaur et en version française Les Chroniques de St-Léonard au Théâtre Jean-Duceppe en 2014-2015, pièce qui nous replonge dans la famille italienne de ce pôle de la communauté italo-montréalaise de la seconde moitié du XXe siècle.

 

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S’il est né à Alma, c’est à Gatineau que Pierre Lapointe a grandi et a développé sa passion pour la chanson. C’est là qu’après avoir complété un diplôme en arts plastiques il s’inscrit au concours de la chanson Tout nouveau, tout show, avant de remporter en septembre 2001, le Premier Prix de la catégorie auteur compositeur interprète au Festival international de la chanson de Granby. Ce succès lui permet de présenter en novembre 2002 deux spectacles à Montréal, spectacles acclamés par la critique, puis de préparer son premier album. Sa carrière est lancée et elle franchit bientôt l’océan pour connaître un net succès en France.

Son œuvre s'inscrit dans la tradition de la chanson française avec des chansons aux textes travaillés, mais Pierre Lapointe est aussi influencé par la musique pop qu’il utilise pour la renouveler. Les arts graphiques et en particulier l’art numérique colorent l’univers de ses vidéoclips, un univers onirique et paradoxal, entre chansons mélancoliques et obscures sur fond de scénographies colorées voire provocatrices.

S’il se définit lui-même comme un chanteur populaire, il s’est d’abord fait connaître en se construisant un personnage de dandy égocentrique qui lui a permis de créer un décalage volontaire entre l'artiste sur scène et sa production largement biographique.

Si les relations amoureuses sont un des sujets de prédilection des chansons de Pierre Lapointe, il est demeuré jusqu’à tout récemment assez discret sur sa vie amoureuse. Après avoir parlé pour la première fois publiquement de son homosexualité en 2013, il s’est confié au journal parisien Libération en 2015. «C’est clair que j’aime les hommes, mais je n’en fais pas une cause à défendre, je ne veux que pas que ça prenne le dessus. J’ai mis du temps avant d’en parler au Québec. Je voulais qu’on pense d’abord à l’artiste avant de penser à son orientation sexuelle. C’est ce qui s’est passé. A notre époque, on n’est plus obligé de crier son homosexualité, il suffit de la vivre.»

La seule évocation de son nom inspire le respect et la noblesse de sa profession. L’architecture, Phyllis Lambert, née Phyllis Barbara Bronfman en janvier 1927 à Westmount, en a fait une mission de vie. Son nom de Lambert lui vient d’une brève union en France avec l’écrivain Jean Lambert en 1952, dont elle a préféré conserver le nom.
D’abord engagée dans les arts et pratiquant la sculpture, c’est en 1954, installée à New York, qu’elle commence à s'intéresser à l'architecture, pour enfin obtenir, en 1963, un diplôme à l'Illinois Institute of Technology, à Chicago.
Héritière de la riche famille Bronfman, elle est vite devenue une philanthrope remarquée et appréciée en s’engageant à la défense des intérêts de divers groupes citoyens ou de secteurs de la ville menacés par le développement.
Dans les années 1960, Phyllis Lambert fut l'initiatrice et la conceptrice du Centre des arts Saidye-Bronfman à Montréal, nommé en l'honneur de sa mère. Elle consacre une bonne partie de sa vie et de sa fortune à la promotion de l'architecture et du patrimoine en fondant en 1979, le Centre canadien d'architecture (CCA), un centre de recherche et d'exposition sur l'architecture de classe mondiale dans un bâtiment historique au cœur du Village Shaughnessy.
Elle contribue aussi à la fondation de l'organisme voué à la protection du patrimoine Héritage Montréal en 1975 et participe à de nombreux projets, dont la protection et la valorisation du Golden Square Mile, au cœur de la ville.
Son regard est à la fois celui de l’architecte et de l’amoureuse des vieilles pierres, mais aussi de celle qui s’intéresse à la vie urbaine et aux êtres humains qui en font partie. « L’architecture, c’est d’abord l’environnement », dit-elle. Celle qu’on a surnommée Jeanne d’Architecture, mais aussi Citizen Lambert, ne démord toujours pas de ce credo : la ville doit être à l’image de ceux qui l’habitent.
Même après plus de 80 ans de travail et de militantisme dans une ville qu’elle chérit plus que tout et dont elle a contribué à façonner le visage, Phyllis Lambert poursuit sa mission : placer l’environnement architectural montréalais sous la loupe.

Émile NELLIGAN

LE VAISSEAU D'OR

C'était un grand Vaisseau taillé dans l'or massif.

Ses mâts touchaient l'azur, sur des mers inconnues;

La Cyprine d'amour, cheveux épars, chairs nues,

S'étalait à sa proue au soleil excessif.

Mais il vint une nuit frapper le grand écueil

Dans l'Océan trompeur où chantait la Sirène,

Et le naufrage horrible inclina sa carène

Aux profondeurs du Gouffre, immuable cercueil.

Ce fut un grand Vaisseau d'or, dont les flancs diaphanes

Révélaient des trésors que les marins profanes,

Dégoût, Haine et Névrose ont entre eux disputés.

Que reste-t-il de lui dans la tempête brève?

Qu'est devenu mon cœur, navire déserté?

Hélas! Il a sombré dans l'abîme du Rêve!

Ce poème d’Émile Nelligan, l’énigmatique et génial poète national du Québec, aura fort probablement été inspiré par les légendes entourant les naufrages de grands vaisseaux aux large du Bas-Saint-Laurent où sa famille séjournait l’été comme tant de familles bourgeoises montréalaises de la fin du XIXe siècle.

Dès l’âge de 18 ans, Émile Nelligan abandonne ses études classiques et les emplois que  lui a trouvé son père. Il  veut devenir poète au plus grand désespoir de celui-ci qui ne connait rien à son art. Invité par son ami Arthur de Bussières à se joindre à l'École littéraire de Montréal, un cercle de jeunes écrivains et intellectuels, Nelligan est résolu de se consacrer à la poésie. Souvent il se réfugie dans la mansarde de son ami pour lire et travailler, et il continue de publier ses poèmes dans les journaux. Diverses sources font de De Bussières son amant, une relation qui est suggérée dans l’opéra Nelligan de Michel Tremblay et André Gagnon.

Alors qu’il connait ses premiers succès, sa jeune carrière s’interrompt quand son père le fait interner à l’âge de 20 ans. Le biographe Bernard Courteau soutient que c’est en raison de sa ‘déviance sexuelle’, de son homosexualité que Nelligan fut interné à Saint-Benoît, puis transféré à l'hôpital psychiatrique Saint-Jean-de-Dieu jusqu'à son décès en 1941.

L’oeuvre de Nelligan ne compte que 170 poèmes, sonnets, rondeaux et chansons. Ce qui est étonnant, c'est qu'il a écrit tout cela entre seize et dix-neuf ans. De ce nombre, seulement vingt-trois poèmes avaient été publiés avant son internement. C’est en 1904, grâce à  son ami Louis Dantin et avec l'aide de sa mère, que 107 poèmes furent publiés dans Émile Nelligan et son oeuvre.

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Serge Bruyère

A native of Lyon in France, Serge Bruyère fell in love with the city of Québec from his very first visit in 1976. He immigrated to its province during the Montréal Olympic Games, working at the Queen Elizabeth Hotel before moving to Québec city. Prior to leaving his native country, he had undergone his training in the kitchens of l’Auberge du Tunnel in Auvergne with Paul Bocuse and the Troisgros brothers. He first worked at the Hilton before becoming executive chef at the Éperlan restaurant. One year later, he founded the Marie-Clarisse restaurant near the Breakneck Stairs (l’Escalier Casse-cou) with another partner. In 1980, he undertook a new adventure at the Maison Livernois on Saint-Jean Street, this time on his own: Serge Bruyère’s restaurant À La Table was created. He was among the very first chefs to work closely with local craftsmen in order to obtain high quality products for his menu. Serge Bruyère died prematurely in 1994 at the age of 33. His heritage is considered enormous: he introduced an updated version of haute cuisine, laying the foundations of a gastronomy concerned with great quality and based on a relationship of proximity with his suppliers. Throughout the 14 years of existence of À La Table, Bruyère devoted time and energy in training dozens of competent chefs like Daniel Vézina, Jean Soulard and Marie-Chantale Lepage, who to this day remain inspired by his culinary philosophy.

His passion for gastronomy as well as his devotion to the recognition of the trade were immense. He knew how to transmit his enthusiasm and the importance of working with precision, and also to respect clients and producers. Bruyère is one of only two Québec chefs to be included in the Larousse gastronomique lexicon, and was the first to introduce new cuisine to the city.

He was a humble, sympathetic and respected chef. His passion for quality produce and his unfailing technique and hard work, along with the sharing of his knowledge were of utmost importance to him. The Fondation Serge Bruyère, which is dedicated to the encouragement of Québec’s new culinary talent, serves to perpetuate his legacy.

Gordon Harrison

Gagnant en 2014 du concours national Rêves d’automne et auteur du livre The Colours of Canada, le peintre-paysagiste Gordon Harrison s’est passionné pour la peinture en séjournant dans les Laurentides et en s’inspirant de ses paysages. Né à Montréal en 1953. Il partage aujourd’hui sa vie entre Ottawa où il a une galerie dans le Marché By et Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson où il a un gite et atelier. Gordon Harrison s’intéresse à l’art dès son jeune âge. L’intérêt singulier qu’il développe à l’égard de la nature brute le porte spontanément à entreprendre des études en architecture du paysage, à l’Université de Toronto.

L’été venu, c’est avec fébrilité qu’il se retire à la villa familiale des Laurentides pour s’enivrer des magnifiques paysages du Lac des Îles qui insufflent la vie sur son canevas. C’est ainsi qu’il regagne la capitale, à l’automne, muni d’une toute nouvelle collection de tableaux.

Principalement autodidacte, il s’inscrit toutefois à l’École des beaux-arts d’Ottawa, une étape au cours de laquelle il est inspiré d’emblée par Jean-René Richard (1895-1982), l’un des artistes québécois les plus avant-gardistes de son époque. Dès lors, il parcourt le Canada à la recherche des plus beaux panoramas qu’il peint in situ sur la toile de son chevalet. Au cours de ses nombreux séjours d’est en ouest, il constituera ainsi une imposante collection de paysages canadiens. Dès son premier vernissage, des amateurs d’art conquis lui réclament des huiles reconstituant leurs souvenirs les plus mémorables. Depuis les sommets enneigés des montagnes de la Colombie-Britannique jusqu’aux rives escarpées de Terre-Neuve, le réputé peintre paysagiste brosse le pays tout entier à sa façon dans son livre The Colours of Canada. Cet ouvrage cartonné regroupe plus de 300 tableaux exposés dans différentes collections privées de par le monde.

La critique, pour sa part, décrit son œuvre comme étant une « célébration de la couleur ». En effet, le trait prononcé de ses couleurs permet de créer une ambiance propre à chaque tableau, suscitant ainsi un élan d’émotion chez l’amateur qui le contemple.

Dans le luxe et le confort d’un gîte singulier dans sa maison de campagne, Gordon Harrison et son partenaire galeriste, Phil Émond vous feront découvrir ses toiles. Des séjours artistiques et ateliers de peinture sont aussi offerts à l’atelier de peinture à Sainte-Marguerite-du-lac-Masson.

 

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Né à Québec il y a soixante ans, Yvon Goulet est un artiste-peintre dont l’œuvre est intimement associée au Village où il peint et habite. C’est un artiste recycleur qui aime utiliser les matériaux de récupération comme support à l'expression de sa création. En 1988, il complète un baccalauréat en arts à l'Université du Québec en Outaouais et en 1989 il participe à un stage d'art et environnement avec Philip Fry de l'Université d'Ottawa. Certaines de ses oeuvres font partie des collections de divers musées dont le Musée national des Beaux-Arts du Québec et la banque d’œuvres du Musée des Beaux-Arts du Canada. L'une d'elle forme la couverture de la dernière édition de La cité dans l'œuf de Michel Tremblay. Yvon Goulet a exposé ses hommes du Village à plusieurs reprises au Québec et à l'étranger. En 2002 il a participé à l'exposition itinérante Le corps gai au vieux Palais de justice de Saint-Jérôme, puis à Québec. De 1992 à 2002, il a participé à diverses expositions d’Ottawa au Japon, en passant par Paris, Bruxelles et Barcelone.

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Yvon Goulet agit en tant qu'historien visuel à la recherche d'artefacts culturels dans le Village. Ses tableaux, inspirés des événements festifs et culturels de la communauté gaie, lui permettent d'exprimer le quotidien, d'enregistrer l'événement et de mettre en scène le corps masculin comme participant actif au sein de la communauté gaie. "J'exprime le milieu dans lequel je vis c'est-à-dire en gros le Village. Le corps de l'homme, à la différence de beaucoup d'autres artistes, est pour moi non pas une finalité, mais un accessoire qui me permet d'aller vers une représentation urbaine et aussi vers un constat social de mon époque". Toujours parcellés, divisés, construits, ses tableaux juxtaposent une multitude de fragments épisodiques reliés aux moeurs gaies qui, un coup assemblés, forment une vision pluridimensionnelle de la communauté gaie. Chaque année, il participe au Festival international Montréal en Arts et vous le rencontrerez assurément si vous arpentez les rues du Village.


Par Gaëtan Vaudry
Photo : Facebook

C’est à l’été 2024 que sortira « Le chef et la douanière », le nouveau film de la cinéaste baie-comoise Manon Briand. Il lui aura donc fallu attendre 10 ans, depuis la sortie de son dernier opus « Liverpool », sorti en 2012. En entrevue avec le journaliste Maxime Demers du Journal de Montréal, Manon Briand nous explique que c’est le cinquième scénario sur lequel elle travaille depuis 10 ans et c’est celui qui aboutit finalement en un tournage.

Le nouveau film de la réalisatrice de « La Turbulences des fluides » raconte l’histoire d’un chef français en mal de renommée qui tente d’aider une enfant à remporter un concours culinaire. Il devra cependant affronter l’hostilité de tout un village à l’égard de sa mère, l’intransigeante douanière locale. Le rôle-titre de cette comédie a été confié à l’acteur français Édouard Baer, bien connu pour son interprétation d’Astérix dans le film « Astérix et Obélix : Au service de sa Majesté ». Celui qui est à la fois acteur, producteur et animateur en France, sera bien entouré par Julie Le Breton, Sylvain Girard, Normand Chouinard, Michèle Deslauriers et Dominic Paquet : « Je me suis payé la traite. J’ai mis tout le monde que j’aimais », souligne la réalisatrice en entrevue.

On se souviendra qu’en 2003, Manon Briand obtenait 4 nominations au Prix Jutra (désormais les Prix Iris), dont celui du meilleur scénario, pour le chef d’œuvre « La Turbulences des fluides ». Une décennie plus tard, elle remportait le Women in Film and Television Artistic Merit Award au festival de Vancouver, pour son long-métrage « Liverpool ».

Ambiguïté sexuelle

Diplômée de l'Université Concordia en Arts Plastiques, option cinéma, Manon Briand prend le pouls de sa génération de gais, lesbiennes, bisexuels urbains branchés – et mêmes des hétérosexuels – pour qui l’identité sexuelle est une affaire de cœur, dans sa première œuvre « Les Sauf-Conduits » en 1991, un court-métrage mettant en vedette Luc Picard et Patrick Goyette. Avec son premier long-métrage « 2 Secondes », la cinéaste propose un mélodrame habilement forgé, traitant d’une lesbienne, coureuse cycliste finie, qui s’épanouit comme courrier à vélo dans les rues usées de Montréal. Charlotte Laurier, Dino Tavarone, Yves P. Pelletier et Suzanne Clément sont de la distribution de ce film de 1998.

Au début des années 2000, « Heart—The Marilyn Bell Story », une biographie télévisée en anglais au sujet de la nageuse marathonienne de Toronto, mettant en vedette Caroline Dhavernas, a permis à Briand de parfaire ses compétences comme réalisatrice, tout comme de pousser plus loin son intérêt pour les corps féminins, les défis athlétiques et l'ambiguïté sexuelle.

Inutile de vous dire que l’encyclopédie libre Wikipédia classe la Baie-Comoise dans la catégorie « Réalisatrices canadiennes dont l’œuvre est marquée par les thèmes LGBTQ ».


Par Gaëtan Vaudry
Photo : Éditions Héliotrope

Il est à peine âgé de 31 ans et son nom est déjà sur toutes les lèvres. Natif de Chicoutimi, mais vivant à Montréal depuis quelques années, Kevin Lambert s’avère un prolifique auteur qui collectionne les prix les plus prestigieux.

Son manteau de cheminée regorge déjà de plusieurs prix, dont le celui de la meilleure thèse en arts et sciences humaines de l'Université de Montréal, le prix Pierre L'Hérault de la critique émergente, le prix découverte du Salon du livre du Saguenay−Lac-Saint-Jean, le prix Sade, le prix du CALQ (Conseil des arts et lettres du Québec), le prix Ringuet, le prix Décembre, ainsi que le prix Médicis 2023… rien de moins!

Diplômé de l'Université de Montréal avec une maîtrise et un doctorat, l’écrivain publie son premier roman Tu aimeras ce que tu as tué en 2017. Dans ce récit qui se déroule dans un Chicoutimi malsain et morbide, Kevin Lambert utilise la haine comme ton littéraire et critique avec virulence la xénophobie et l’homophobie qui sévit encore au Québec. Déjà, le jeune homme parvient à faire tourner bien des têtes, principalement celles de la scène littéraire québécoise. Il n’en fallait pas plus pour mettre la table pour son second roman, Querelle de Roberval, paru un an plus tard. Cet opus - renommé Querelle par son éditeur français - qui nous relate la lutte des ouvriers et ouvrières de la scierie de Roberval envers leur patron, recevra une multitude de prix et de mentions qui feront rayonner le nom de Kevin Lambert au-delà de nos frontières.

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Plusieurs se souviendront qu’en juillet 2023, Kevin Lambert n’a pas apprécié que le premier ministre du Québec, François Legault, souligne sa dernière œuvre Que notre joie demeure sur Twitter. L’écrivain a farouchement répliqué à la critique littéraire du chef de la CAQ sur les réseaux sociaux : « M. Legault, en pleine crise du logement, alors que votre gouvernement travaille à saper les derniers remparts qui nous protègent d’une gentrification extrême à Montréal, mettre mon livre de l’avant est minable (…) Ce qui m'a dérangé, ce n'est pas tant le fait qu'il lise des livres qui s'éloignent de ses idées politiques ou de sa chambre d'écho, mais c'est la lecture qu'il a faite de mon livre dans le contexte de la crise du logement. » Les deux hommes allaient par la suite se répondre, au moyen de quelques messages.

Ouvertement gai, Kevin Lambert, en entrevue dans La Presse avec le metteur en scène René-Richard Cyr en 2021, affirme vouloir participer au mouvement d’affirmation homosexuelle dans ses œuvres : « J’aime ça faire partie de la catégorie LGBTQ », souligne-t-il. Selon lui, l’industrie culturelle s’impose des changements, des ajustements : « Les catégories ne me dérangent pas du tout. C’est une grosse machine, l’industrie culturelle, ça prend du temps à faire bouger, mais ça bouge. »

Le 9 novembre 2023, Kevin Lambert recevait le prix Médicis pour Que notre joie demeure, un prix littéraire français fondé en 1958, afin de couronner un roman, un récit, un recueil de nouvelles, dont l'auteur débute ou n'a pas encore une notoriété correspondant à son talent. Le Médicis, est doté d'une bourse de 1000 euros, soit un peu moins de 1500 $.