Biographie


Par Gaëtan Vaudry

Le 24 novembre dernier, la scène gaie de Montréal perdait l’un de ses pionniers. Armand Monroe - de son vrai nom Armand Larrivée - s'éteignait dans son sommeil à la Maison de soins palliatifs St-Raphaël. Véritables ondes de choc pour ceux et celles qui appréciaient cet homme, porte-étendard de plusieurs luttes pour les gais et lesbiennes au fil des ans, dont le droit aux hommes de pouvoir danser ensemble, à une époque où l'homosexualité était criminalisée au Canada, de même que le tout premier défilé gai et bien plus.

Natif de Saint-Henri en 1935, le jeune Armand quitte le nid familial à 18 ans, afin de s’installer dans le très vivant centre-ville de Montréal, tout de même conscient de la difficulté (voire la honte) d’être gai à l’époque. Toutefois, pas question pour lui de s’afficher autrement que tel qu’il est, expliquant qu’il n’a jamais besoin de sortir de la garde-robe, puisqu’il n’y est jamais allé. Rejeté par sa mère, il se créera une nouvelle famille avec ses amis gais, devant une figure emblématique de la scène homosexuelle.

Depuis des lustres, tous le surnommaient affectueusement La Monroe lui qui avait une admiration sans borne pour l’actrice Marilyn Monroe, depuis la sortie du film à succès « Comment épouser un millionnaire. » Il faudra attendre en 1957 pour on lui propose de devenir animateur au Tropical Room, situé sur la rue Peel. Le lieu deviendra le premier établissement exclusivement homosexuel au Québec, alors que La Monroe y proposera des bingos, des spectacles de drag queens et plusieurs concours de Monsieur muscles. C’est d’ailleurs pour souligner en grand son 23e anniversaire de naissance qu’il demandera au patron de l’endroit que les hommes puissent danser ensemble, ce qui était bien évidemment défendu à l’époque…

De plus en plus connu, Armand Monroe travaillera dans plusieurs établissements dont l’Hawaiian Lounge, le Quartier Latin et le Café Beaver. Au cabaret le PJ’s, il s’amuse dans ses spectacles à jouer le rôle de la « grande folle émancipée », avec lequel il connaîtra un immense succès. En 1974, toujours au PJ’s, La Monroe accueillera les New York Dolls, ouvrant la porte de l’underground montréalais au glam rock, puis au punk du groupe Les 222. En 1980, il animera la Fête nationale au Carré Dominion où il attirera de nombreuses personnes curieuses de découvrir qui il est. En 1983, il produira un méga spectacle de travestis au Vieux St-Vincent à Laval et, quelques années plus tard, on le retrouvera également dans le spectacle historique Vice & Vertu, présenté par les 7 Doigts de la main.

En mars 2017, Armand Monroe se confie à Hugo Lavoie, dans le cadre de l’émission Gravel le matin, sur les ondes d’ICI Radio-Canada Première, en soulignant : « Je remercie tous les homosexuels de 1957 à 1969 qui, au risque de perdre leur liberté, sont venus m’encourager. Ce sont eux les pionniers. »

C'est avec beaucoup de tristesse que j'apprend aujourd'hui le décès d'Alain Bouchard, psychologue et ancien éditeur pendant 30 ans du magazine RG qui a été un des pionniers de la communauté GLBT au Québec et le fondateur en 1979 du Guide gai du Québec, devenu depuis que j'en ai pris la relève en 2009 les Guides GQ, ce qui en fait la plus ancienne publication LGBT toujours publiée au Québec et au Canada. 
Je lui avais parlé au début de l'été de mes projets pour perpétuer la mémoire de RG et de nos magazines et de mon intention d'inclure dans le Guide son profil comme fondateur et pionnier de la presse GLBT au Québec. Je le savais très malade et j'espérais tout de même avoir la chance de le rencontrer cet automne pour rédiger cet hommage. Éditeur du mensuel RG de 1981 à décembre 2008, Alain Bouchard a pratiqué la psychologie (membre de l’Ordre des psychologues du Québec) pendant plus de 35 ans, auprès d’une clientèle principalement gaie. Il a commencé cette carrière en milieu scolaire et communautaire (1971). 

Conférencier, éditeur (éditions Homeureux et HMX) et auteur, Alain Bouchard a publié deux essais critiques fondateurs des études gaies et lesbiennes au Québec : Nouvelle approche de l’homosexualité / Style de vie (1977) et Le Complexe des dupes (1980). Dans ce dernier ouvrage, l’auteur expose et dénonce « quelques duperies populaires en matière de sexualité, en particulier d’homosexualité». En plus de lancer en 1979 le Guide gai du Québec, comme journaliste, il a aussi collaboré au bimensuel Gay Montreal (1975-1980), au magazine culturel Virus Montréal et à la Revue québécoise de sexologie. 

Vers l'âge de 15 ans, il écrivait régulièrement pour des hebdos comme La Voix du Lac, Le Lac Saint-Jean, Le Clairon, etc., ainsi que pour des publications francophones en Ontario et dans le Massachusetts (Le Travailleur). Alain Bouchard était diplômé de l’Université de Tours et de Montpellier (France), de l’Université McGill, de l’Institut Kephart (Colorado) et de l’Université de Montréal où il a commencé une propédeutique au doctorat. En 1974, il a été nommé au Professional Advisory Board de l’International Federation of Learning Disabilities. Intervenant psychosocial sur la question de l’homosexualité, il a organisé à Montréal le 1er Symposium québécois sur l’homosexualité, en avril 1980. 

Alain Bouchard a été membre à la fois de la National Association of School Psychologists, agissant pour l’organisme comme délégué du Québec à Washington, de l’American Association of Sex Educators, Counselors and Therapists (Washington, États-Unis), et de l’Association canadienne des spécialistes en modification du comportement. 

L’apport d’Alain Bouchard à la cause LGBT est considérable. Dès les années 1970, il a « dépoussiéré » plusieurs concepts en vigueur en proposant « une optique positive et critique qui tend à exclure les préjugés, scientifiques et populaires, qui entourent l’homosexualité » et en dotant cette nouvelle perspective d’outils théoriques accessibles. 

Mais c’est surtout comme éditeur et rédacteur du magazine RG (aux débuts Rencontres gaies), que son action est la plus manifeste, à travers trente ans d’action éditoriale militante. Si cette contribution a peu fait l'objet de la reconnaissance qu'elle méritait au sein de notre communauté, il n'en reste pas moins qu'Alain Bouchard fait partie de cette courte liste des pionniers et bâtisseurs de notre communauté. 

À une époque où il n'existait ni Village, ni médias gais, ses initiatives ont permis à la communauté de se bâtir, de sortir de l'ombre et d'articuler un discours et une action politique revendicatrices qui nous a permis d'accéder à la quasi-égalité entre droits. J'offre au nom de mon équipe mes plus sincères condoléances à son conjoint et à ses proches et je m'engage à perpétuer son œuvre dont j'ai pris la relève et la mémoire de celle-ci. Repose en paix, cher Alain 

 André Gagnon 

Éditeur Guides GQ

Le 1er août 2016, l’écrivaine et poétesse Anne Hébert aurait eu 100 ans. Ce centenaire sera souligné en 2017 à Kamouraska, le village où se situe l’action de son roman Kamouraska qui l’a rendu célèbre et mis du même coup le village sur la carte. Porté au grand écran par Claude Jutra sur une musique d’André Gagnon, le film fit connaître son œuvre au grand public.

Né à Sainte-Catherine-de-la-Jacques-Cartier, Anne Hébert a vécu son enfance à Québec, mais descendante de la famille seigneuriale de Kamouraska, elle y a passé plusieurs étés où la célèbre histoire de meurtre passionnel de son aïeul lui est devenue familière. Après avoir publié de 1942 à 1953 divers recueils de poèmes, elle publie en 1958 son premier roman, Les Chambres de bois, aux Éditions du Seuil et elle est élue en juin 1960 membre de la Société royale du Canada.

En 1965, après la mort de sa mère, elle déménage à Paris. Avec la publication du roman Kamouraska, en 1970, pour lequel elle reçoit le prix des libraires de France, elle connaît enfin le succès. Elle publie en 1975 Les enfants du sabbat, un troisième roman, puis en 1980, elle donne un quatrième roman, Héloïse.  Mais c'est grâce au roman suivant, les Fous de Bassan, en 1982, qu'elle devient la quatrième franco-canadienne et la deuxième Québécoise à obtenir un grand prix littéraire français. Elle décroche pour ce cinquième roman le prix Femina. Seules Gabrielle Roy, elle aussi avec le Femina, Marie-Claire Blais, avec le Médicis et Antonine Maillet avec le Goncourt l'ont précédée comme lauréates d'un des grands prix littéraires français. Elle reçoit de 1969 à 1983 des doctorats honoris causa des universités de Toronto en (1969) et de Guelph (1970), puis de l’UQÀM (1979) , de McGill (1980) et enfin de l’Université Laval en 1983.

En 1988, son sixième roman, Le Premier Jardin, rend hommage aux femmes qui ont fondé la Nouvelle-France. Un septième roman, L’Enfant chargé de songes, paraît en 1992. En 1995, âgée de 79 ans, elle publie Aurélien, Clara, Mademoiselle et le Lieutenant anglais, une histoire à mi-chemin entre la poésie et la prose. Son cinquième et dernier recueil Poèmes pour la main gauche est publié deux ans plus tard.

Au début de 1998, celle qui demeurait à Paris depuis 32 ans, revient à Montréal. En 1999 paraît son dernier roman, Un habit de lumière, quelques mois avant son décès à Montréal en janvier 2000.

Anne Hébert est toujours restée discrète sur sa vie privée, elle qui ne s’est jamais mariée et n’a jamais eu d’enfant. L’éloignement à Paris, comme pour son amie Mavis Gallant, une écrivaine anglo-montréalaise elle aussi déménagée dans la Ville-Lumière et avec laquelle elle a entretenu une longue amitié, lui a permis de maintenir cette séparation entre sa vie artistique et sa vie intime.


En septembre 2015, Ève Salvail est revenue à Matane pour spinner au 40e anniversaire du département de photo du cégep où elle avait étudié. Et elle en a profité pour faire connaître à son épouse la ville où elle a grandi. Après une carrière de mannequin qui l’a amené à défiler à travers le monde pour  les plus grands créateurs, les Jean-Paul Gaultier, Calvin Klein, Donna Karan, Karl Lagerfeld, Gianni Versace, Valentino et Moschino, après avoir fait la une des plus grands magazines, entre autres Elle, City, Fashion Spectrum, TimeOut, Wired, la célèbre mannequin au crâne rasé et tatoué d’un dragon est revenue comme la DJ Evalicious qu’elle était devenue.

Après Paris, Ève Salvail a vécu près de vingt ans à New York. Dès 1994, la top modèle figure au cinéma dans quelques films : Prêt à Porter (1994), le Cinquième Élément (1997), Celebrity (1998), Hostage (1999), Zoolander (2001). À partir de 1997, elle débute dans le monde de la musique sous le nom de  DJ Evalicious. Pour sa carrière de mannequin, elle reçoit en 2000 une plaque commémorative au gala de la Griffe d’or et, un an plus tard, elle présente une de ses propres compositions musicales lors du même gala annuel.

Elle revient à Montréal en 2014 avec une nouvelle corde à son arc, le dessin, et présente sa première exposition à la galerie Espace 40 en plein coeur du Mile End.  Ève Salvail dit être revenu au Québec pour de bon et elle vit maintenant entre son appartement dans la métropole et son petit domaine dans les Laurentides avec celle qu'elle a épousée en août 2013 et avec qui elle entend avoir bientôt un enfant.

Originaire d’une famille installée sur la Côte-nord depuis plusieurs générations, Johanne Roussy se définit comme sculpteure sociale. Elle aborde sa pratique artistique de façon socialement engagée et multidisciplinaire. Avec à son CV une vingtaine d’expositions à travers le Québec et en Afrique du Sud, elle s’intéressera, tout au long de sa pratique, à l’implication de l’humain au sein de ses œuvres et prendra une direction résolument sociale, politique et post-coloniale après un voyage en Afrique du Sud (2000) où elle rencontrera plusieurs groupes d’artistes militants pour les droits de la personne. L’amour, dans son sens neurologique et endocrinien, devient alors son intentionnalité première dans l’élaboration de ses scénarios d’art-action. Dès son retour de voyage, elle reviendra s’implanter dans sa ville natale, Sept-Îles, et fondera l’Atelier de la 8e île, un concept culturel autonome et autofinancé ayant comme mandat de recevoir des artistes en résidence de création ainsi que le partage des savoirs faires.

Johanne Roussy 8e Île
Pour l’artiste sept-îlienne, le concept de la 8e île est l’œuvre d’une vie. Dans une volonté de créer des ponts entre les peuples, leurs savoir-faire et les artistes de tous les horizons, elle développe ce lieu de recherche, création, production, diffusion et médiations culturelle en arts multidisciplinaire dans une ancienne église biconfessionnelle catholique et protestante d'une base radar désaffectée de l'armée canadienne sur la Pointe de Moisie.

Atelier de la 8e Île
La sélection des artistes se fait sur invitation et ces derniers ont accès à des équipements de travail du bois, du métal et bientôt de la céramique. Des espaces pour le logement sont aussi offerts à prix modiques, afin d’offrir une bulle de création plus efficace pour des artistes en individuel ou en collectif. Pour faire une place plus grande aux arts vivants, son équipe est en train de transformer la partie catholique en salle multi, qui permettra de recevoir des spectacles, des groupes de travail ainsi que les projets de la communauté.

Né Michel Seunes en 1932, Michel Conte aura été un artiste aux multiples talents tour à tour chorégraphe pour la télévision et la scène, auteur-compositeur-interprète et metteur en scène d'opéras, d'opérettes et de comédies musicales. Mais c'est comme auteur de la chanson Évangéline qu'il est passé à l'histoire au Québec et en Acadie.

Michel Conte

Issu d'une famille paysanne. son talent est vite remarqué et il quitte sa Gascogne natale à treize ans pour étudier le piano et la composition au Conservatoire de Paris, puis la danse à Biarritz et il évolue ensuite en France dans le milieu du ballet classique. Au début de la vingtaine, il fréquente les salons parisiens où il côtoie Jean Cocteau et Charles Trenet qui lui prodigue ses encouragements. En 1955, il quitte la France après son service militaire et s'installe au Québec après avoir rencontré Raoul Jobin de la Maison du Québec à Paris.

Il débarque au Québec en octobre 1955 au moment où naissait la télévision à laquelle il imprimera sa marque en signant des chorégraphies innovantes, des ballets classiques présentés par Henri Bergeron à L’Heure du Concert aux fonds scéniques de l’émission de music-hall du dimanche. Il chorégraphie plusieurs ballets présentés à la télévision ou écrit de la musique qui sera utilisée par les grandes troupes de ballet canadiennes. Il mettra en scène plusieurs opéras, opérettes et comédies musicales, tant à la télévision que sur les planches. Le chorégraphe et danseur devient ainsi en quelques années une référence incontournable de la télévision canadienne en matière de danse et il influence directement le milieu en dehors de la télévision.

Mais c'est au cours des années 1960 qu'il entreprendra une carrière d’auteur-compositeur en composant des chansons pour Lucille Dumont, Monique Leyrac, Julie Harel, et Renée Claude pour qui il compose Shippagan qui met en scène l'exil acadien et qui deviendra un de ses grands succès. Et finalement, en 1971 il s'inspire du poème Evangeline, A Tale of Acadie de l’auteur américain Henry Wadsworth Longfellow (1847), pour écrire Évangéline, cette chanson sur l’héroïne fictive des Acadiens, Évangéline et son bel amant Gabriel, lors du Grand dérangement qui sera interprété par Isabelle Pierre et qui deviendra pour elle aussi son plus grand succès.

C'est en 1980 que Michel Conte bien avant que ce soit à la mode. fait sa sortie et parle de sa bisexualité dans Nu... comme dans nuages, un récit autobiographique.

En 2001, la partition de Évangéline, écrite trente ans plus tôt reparait et est interprétée successivement par Marie-Jo Thério, Lyne Lapierre et, plus récemment, Marie Williams et Annie Blanchard ce qui lui donne une deuxième vie à la radio et à la télévision.

Marie-Jo Thério

En octobre 2006, à l’âge vénérable de soixante-quatorze ans, il reçoit de la SOCAN une plaque rappelant la première position de cette chansons à divers palmarès au cours de l’année écoulée. Le 28 octobre, lors du Gala de l’ADISQ, sa chanson Évangéline gagne le prix de la chanson de l’année. À cette occasion, le vétéran Michel Conte s’est déclaré « ému de recevoir » un prix pour cette chanson écrite il y a quarante ans. », en poursuivant que c’était « un miracle et un cadeau. » En entrevue à la télévision à cette époque, il rappelle que lorsqu’il avait écrit la chanson Évangéline « les Québécois ignoraient l’existence de l’Acadie. « Je fus le premier à parler de l’Acadie, et ça on ne pourra me l’enlever. »

Évangéline, interprétée par Isabelle Pierre en 1971

https://youtu.be/r4QtCJ0g0cI

Shippagan, interprétée par Renée Claude

Renée Claude

https://youtu.be/_CU-7zoOWbw

Mathieu Laca est né à Laval où il habite toujours. Dès l’âge de 17 ans, une première série de ses œuvres est exposée à la Maison des Arts de Laval. En 2002, il reçoit le Prix du conseil de la culture de Laval et est sélectionné par Marc Séguin pour prendre part à l’exposition collective Génération Montréal où est réunie la crème de la jeune peinture montréalaise. Mathieu obtient un baccalauréat en arts visuels de l’Université Concordia en 2005.

Il est d’abord reconnu pour de grandes fresques baroques à la violente charge homoérotique qu’il exposa principalement à Ottawa ainsi qu’à Québec. Cette veine créatrice fit de lui une véritable tête d’affiche de la presse gaie. En juillet dernier, le plus grand magazine gai allemand Männer lui consacra une double page.

Au cours des dernières années, son travail s’est concentré principalement sur le portrait dont il s’amuse à briser les conventions. Échec volontaire de la ressemblance, distorsions, dédoublement et dissolutions constituent son attirail privilégié de moyens plastiques. Il représente souvent des artistes, des écrivains ou encore des musiciens célèbres tels que Jean Genet, Pasolini, Tchaïkovski, Andy Warhol, Caravage, Virginia Woolf pour n’en citer que quelques-uns. Les expositions Mort ou vif et Autoportrait en femme à la défunte galerie Modulum à Montréal en 2012 et 2013 témoignèrent de l’engouement particulier de l’artiste pour le portrait et les représentations à très haute tension dramatique. Ses œuvres les plus récentes mettent en scène l’homme et l’animal habitant dans un respect mutuel un monde aux accents surnaturels et aux couleurs improbables.

Ses oeuvres font déjà partie de collections publiques et privées au Canada, aux États-Unis, en Norvège, en Allemagne et en Israël.

Mathieu Laca L'invention d'un visage

En 2023, l'artiste-peintre ajoute une nouvelle corde à son arc en lançant un premier roman chez Leméac, L'invention d'un visage.

https://youtu.be/d1Czcv4yPYk?si=_mIqz_kGk9sBU0Wz

Par Pierre Perreault


La nouvelle de son décès, le 20 février 2023, a ébranlé le milieu des arts, au Canada et ailleurs dans le monde, ainsi que et surtout la communauté acadienne de Caraquet, au Nouveau-Brunswick, qui l’a vu naître.

Léopold Foulem fil expo
Pas plus tard qu’en juillet 2022, on lui rendait un vibrant hommage, en sa présence, lors de l’ouverture des célébrations de Fierté Acadie Love, avec le lancement en avant-première d’un film documentaire sur sa carrière, en plus d’une exposition de certaines de ses œuvres, la 57e exposition solo de cet artiste, en collaboration avec la Galerie Bernard-Jean et le Festival acadien.

Léopold Foulem 
Nous y étions présents et avons pu « savourer » un grand moment en même temps qu’une centaine d’autres personnes.
On y a présenté en avant-première le film documentaire de la cinéaste Caraquetoise, Renée Blanchar, « Lettre d’amour à Léopold L. Foulem » sur lequel elle a travaillé pendant sept ans, tourné en grande partie dans la maison de l’artiste. Renée, aussi originaire de Caraquet, considère Léopold comme une source d’inspiration et lui dédie ce film d’autrice. On voit Léopold avec sa sœur, sa fée comme il l’appelle, son conjoint et quelques bons amis. Plusieurs photos d’archives y sont aussi présentées. Le film pourra être vu à Montréal en mars.

Léopold Foulem fil expo
Léopold L. Foulem est un céramiste de renommée internationale. Il a exposé dans plusieurs pays et ses œuvres font partie d’importantes collections publiques et privées. « La céramique, on a de la difficulté à comprendre que ça peut être de l'art », expliquait d'ailleurs en 2016 Léopold Foulem au Musée national des beaux-arts du Québec. La façon d'y arriver, disait l'artiste, était de transformer l'objet en abstraction, en niant sa fonction.
Foulem applique à la céramique les idées du ready-made, du kitsch et du pop art dans un esprit d'humour et de provocation. Il favorise la céramique comme forme d'expression artistique entière et autonome.
Ouvertement homosexuel, marié, à travers une carrière d’une cinquantaine d’années, Léopold Foulem a été un des artistes parmi les plus uniques qu'on ait jamais vus au Nouveau-Brunswick, explique John Leroux, le commissaire aux arts visuels du Musée des beaux-arts Beaverbrook, à Fredericton. Il décrit Léopold Foulem comme un homme généreux et facile d'approche, qui adorait avoir des discussions sur l'art. « On parlait de la culture queer, du kitsch, aussi de l'histoire technique et formelle de la céramique, comme toutes les différentes facettes des milliers d'années de la céramique. »

Léopold Foulem fil expo
Le professeur d'art impressionnait aussi par ses vastes connaissances. C'était une encyclopédie ambulante, Léopold. Il savait tout, témoigne sa soeur, Marie-Paule Foulem. Même s’il vivait à Montréal depuis cinquante ans, durant la période estivale, l’artiste revenait à Caraquet, sa ville natale, où il se cloîtrait dans sa résidence/atelier — littéralement un espace poétique en marge du temps — afin de créer une production artistique à la fois provocante et raffinée.

Léopold Foulem
Foulem obtient une maîtrise en arts visuels de l'Université d'État de l'Indiana en 1988.
Il enseigne durant vingt ans la céramique au Cégep du Vieux Montréal, et pendant quelques années aussi au Cégep de Saint-Laurent.
Il est l'objet de 36 expositions solo et de plus de 225 expositions de groupe depuis 1969, au Canada, en Corée du Sud, au Danemark, aux États-Unis, en France, en Italie, au Japon, en Nouvelle-Zélande, aux Pays-Bas, au Royaume-Uni et à Taïwan. En 2014, le Musée national des beaux-arts du Québec organise une rétrospective de l'artiste intitulée : Léopold L. Foulem. Singularités.
On lui a décerné plusieurs prix et il fut fait membre de l’ordre du Canada.
Le président de la Société de l'Acadie du Nouveau-Brunswick (SANB), Alexandre Cédric Doucet a rendu hommage à une sommité dans la céramique conceptuelle et a remercié Léopold Foulem pour sa contribution à l'épanouissement et à la promotion de l'Acadie partout dans le monde.

Léopold Foulem

Rares sont ceux ou celles qui, de leur vivant, vont léguer le résultat de leur vie professionnelle ou artistique à une organisations sociale, culturelle, caritative ou communautaire qui pourra en profiter ou en prolonger le rayonnement ou la diffusion pour la postérité.
C’est pourtant ce qu’a choisi de faire le réputé talentueux et prolifique photographe montréalais Robert Laliberté, en léguant l’intégralité de ses archives photographiques, c’est-à-dire 45 ans de travail à ce jour. « C’est à l’aube de mes soixante ans que j’ai commencé à songer à la pérennité de ma production photographique. Ayant déployé mes services à maintes reprises au sein de la communauté gaie, les Archives gaies du Québec (AGQ) se sont rapidement imposées comme l’organisme à qui je souhaitais léguer mon œuvre », explique-t-il.
À la suite d’un article publié sur son travail en 2007 dans L’Archigai, le bulletin annuel de l’organisation, Robert a pu mieux comprendre le rôle essentiel que jouent les AGQ comme gardien de la mémoire et de l’histoire en favorisant la recherche et l’éducation, en affermissant les identités et en protégeant les droits de l’homme.

Robert Laliberté Archives
En quoi consistent ces archives ? Environ 200 000 négatifs, diapositives et fichiers numériques. Des dizaines de boîtes de planches contacts et de photos de différentes dimensions. Des livres et des magazines dans lesquels ses photos ont été publiées. De nombreuses photos montées sur carton ou encadrées, etc. De plus, il fait également don de près de soixante-dix photos encadrées, celles qu’il a exposées à l’Écomusée du fier monde, du 21 au 23 octobre, dans le cadre de la campagne de financement des AGQ.
« Je le fais pour aider les Archives dans leur campagne de financement annuelle puisque ces photos étaient en vente et que les profits iront aux AGQ. De plus, cette année j’ai offert aux AGQ une photo pour leur tirage annuel : À FLEUR DE PEAU, 2011, impression à jet d’encre sur papier photo archive. Dimensions : 45,7 x 30,5 cm (18 x 12 po.). Édition : 1/10. Valeur de l’oeuvre encadrée : 1 000 $.
 
Robert Laliberté à fleur de peau
Rencontré lors de l’expo à l’Écomusée, le coordonnateur des Archives gaies du Québec, Pierre Pilotte, se réjouit de cette magnifique opportunité pour l’organisme d’enrichir ses collections uniques et de plus en plus importantes pour la mémoire de la communauté LGBT+, à l’aube de célébrer ses 40 ans d’existence en 2023. Pour sa part, Robert Laliberté précise que si au départ il avait envisagé de séparer sa collection auprès de divers fonds d’archives (BanQ, etc.), on l’a convaincu de tout confier à un seul fonds qui pourra assurer l’accessibilité auprès des futurs chercheurs, historiens ou universitaires, par exemple, intéressés par l’une ou l’autre des diverses collections photographiques de son œuvre

Robert Laliberté
Une
prolifique carrière


Si le travail de ROBERT LALIBERTÉ est d’abord connu de la communauté gaie en raison surtout des quelque 150 pages couvertures du magazine Fugues réalisées au fil des ans, sa carrière va bien au-delà de ça. Il a aussi été directeur artistique et photographe du Groupe Priape de 1990 à 2007.

Pendant 20 ans, Robert a travaillé comme photographe de plateau pour d’importantes compagnies théâtrales montréalaises, ce qui lui a permis de « tirer le portrait » de plusieurs personnalités connues. « J’ai gagné ma vie en faisant du portrait », assure-t-il, rappelant qu’il a eu l’occasion de photographier plusieurs des grands et grandes de ce monde au fil des années.

Il fut également durant 10 ans le photographe officiel des Petits frères des pauvres, un organisme qui s’occupe des personnes âgées vivant dans la solitude. Après quelques années passées à l’enseignement de la photo, Robert a été directeur adjoint de la galerie Beaux-arts des Amériques de 2012 à 2022.

Au cours de sa prolifique carrière, Robert Laliberté a tenu de nombreuses expositions individuelles en plus de participer à plusieurs expositions de groupe. Ses photos ont été publiées internationalement et se retrouvent autant dans des collections publiques (Collection Prêt d’oeuvres d’art du Musée national des beaux-arts du Québec, Ville de Montréal, Université de Sherbrooke, Fondation de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont, etc.) que dans des collections privées. En 2002 il a été récipiendaire du Prix Arc-en-ciel pour la Culture et l’Écomusée du fier monde à Montréal lui a consacré une exposition rétrospective célébrant ses 25 ans de carrière. Depuis 2020, il fait partie des photographes représentés par la ClampArt Gallery de New York.

Et c’est pas fini….
Comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, Robert Laliberté nous annonce qu’il a déjà entrepris la préparation d’une exposition portant sur plus de 30 ans de portraits, débutant en 1988. Une exposition bien spéciale dont les détails seront livrés plus tard, malgré notre insistance à en savoir davantage. Elle devrait être tenue à quelque part en 2024 ou 2025. Il faudra être patients pour pouvoir en être témoins.

Les Archives gaies du Québec (AGQ)
Pour participer à son financement en ligne : agq.qc.ca/faire-un-don/
Voir la vidéo promotionnelle des AGQ : youtu.be/iFxXvxkP-0k

Ce 24 août 2022 marque le 100e anniversaire de la naissance de René Lévesque, ancien premier ministre du Québec, certainement la figure la plus marquante de l’histoire du Québec contemporain et le plus éminent fils de la Gaspésie.

René Lévesque  
Parmi les grandes réformes de son gouvernement, la communauté LGBT lui doit d’avoir fait un grand pas lorsque fut ajoutée à la Charte québécoise des droits et libertés en 1977 l’orientation sexuelle comme motif interdit de discrimination, un engagement de son parti lorsqu’il était dans l’opposition au moment de son adoption en 1975 . Le Québec devenait alors la 2e législature dans le monde à interdire cette discrimination et cette avancée allait ouvrir la porte à l’accès à l’égalité et faire du Québec l’une des nations les plus accueillantes dans le monde aux personnes LGBT.

Né à Campbellton le 24 août 1922, c’est à New Carlisle que René Lévesque grandit avant de poursuivre ses études à Gaspé et à Québec . Quand il abandonne ses études en droit, il fait de la radio . Bilingue, il est recruté comme correspondant de guerre par l'armée américaine en 1944-45, une expérience qui le marquera en devenant un des premiers correspondants à découvrir l’horreur des camps de concentration nazis . Il se distingue ensuite comme journaliste au cours des années 1950, notamment par son travail à l'émission « Point de mire » . Élu député libéral en 1960, il devient un des principaux artisans de la Révolution tranquille .
Il se voit confier le portefeuille des Travaux publics, des Ressources hydrauliques, puis celui des Richesses naturelles . Il en profite pour piloter le dossier de la nationalisation de l'électricité au cœur des élections de 1962 . Ayant quitté le Parti libéral, il fonde le Mouvement Souveraineté- Association, puis le Parti québécois (PQ), en 1968, l’accession du peuple québécois à la souveraineté politique lui apparaissant comme l’aboutissement normal de la Révolution tranquille . Après deux défaites en 1970 et 1973, la victoire du 15 novembre 1976 lui permet de former le premier gouvernement du PQ.
Un an après avoir rejeté son projet de souveraineté-association en mai 1980, les Québécois reportent René Lévesque et le PQ au pouvoir en avril 1981 . Il quitte la politique active en 1985 . L'intérêt pour ses mémoires et les réactions à son décès, en 1987, reflètent sa place unique dans l'histoire du Québec contemporain.

Tout au long de 2022-2023, divers événements souligneront le centenaire de René Lévesque. Ceux et celles qui souhaitent connaître ou se remémorer le parcours unique de ce premier ministre marquant de l'histoire du Québec, ne  manqueront pas de visiter l'Espace René-Lévesque dans son village natal de New Carlisle.